Présentation

Une phrase

Ce projet de recherche porte sur les espaces parallèles qui initient des collections de ressources (bibliothèques autogérées, pirates, grainothèques...) entendus comme des lieux d'expériences alternatives de production, d'organisation et de diffusion des savoirs.

Un paragraphe

Ce projet de recherche porte sur les dispositifs et systèmes de partage parallèles de savoirs et de connaissances. Motivé par la perspective des communs, il émerge d’un questionnement autour des enclosures territoriales et intellectuelles qui participent de la “brevetisation” du vivant. Par le biais d’une recherche ancrée sur le territoire bruxellois, il vise partir à la rencontre des ‘cabanes de savoirs’, c’est-à-dire des infrastructures alternatives de stockage, d’organisation et de partage de ressources considérées comme des biens communs. Il s'agit d'interroger ces pratiques bibliothécaires parallèles en pratiquant la communauthèque comme un espace de commoning, c'est-à-dire, d'élaborer des "stratégies artistiques qui suggèrent de nouvelles façons d'utiliser les ressources et mettent l'accent sur la collaboration et la collectivisation"1. Plus précisement, d'ouvrir des moments d'échanges autour de ces pratiques de partage bibliothécaires à travers la mise en place de protocoles et de dispositifs de conversationels, en considérant les usager·es de la communauthèque comme détenteur·ices et producteur·ices de savoirs en circulation. Outillée d'une communauthèque numérique itinérante, il s'agit de partir des collections de ressources théoriques textuelles pour les activer par l'échange et la conversation autour d'expériences situées.

Une page

Cabanes de savoirs est une recherche plastique et politique sur/par/avec les communauthèques; espaces de résistance aux différentes enclosures.

Les bibliothèques publiques, gratuites et ouvertes à toustes constituent un terrain en marge de la course capitaliste à la marchandisation du savoir tout en questionnant notre rapport à la propriété, par le prêt de ressources et les flous juridiques liés à leur copie.

Cette recherche s'intéresse plus particulièrement aux bibliothèques parallèles et vise à aller à la rencontre de ces infrastructures de partage et de production de savoirs. Ces initiatives locales fabriquent des micro-utopies ; des pratiques empiriques de personnes qui partagent un système de valeurs communes et s’organisent en collectif pour collaborer. Ces “cabanes” ou stations de savoirs sont à entrevoir comme le lieu d’ “expériences collectives alternatives”, entendues comme “propositions d’expérimentations de rapports sociaux et politiques régis par des principes, des questions et des solidarités décalés des normes dominantes2, naissant dans ces espaces qu’on peut qualifier de “contre-espaces” définis “par leurs capacités à développer en leur sein un processus autonome et autogéré3”. Bibliothèques autogérées, de l’ombre, grainothèque itinérante sont autant d’exemples qui interrogent les processus d’élaboration de communs. Ainsi : Comment les sources deviennent-elles des ressources et comment les ressources constituent-elles des communautés ? Où sont-elles stockées ? Comment sont-elles organisées ? Quelles sont les conditions du partage de ces ressources ? Quels sont les modalités de gouvernance ? Par quels processus une communauté de pratique devient-elle une communauté épistémique ?Comment se constitue une communauté de savoirs ?

En mettant à disposition des collections de ressources numériques ou tangibles de manière autogérée, ces bibliothèques actualisent la question des biens communs délaissée par leurs homologues publics.

Il s'agit de questionner et d'éprouver les communauthèque comme des espaces propices au travail du commun; une “activité” invitant à l’expérimentation de formes d’organisation horizontale, en autonomie, sollicitant l’entraide et la coopération, où le commun désigne une chose “qu’il s’agit collectivement de faire advenir, et de le faire en situation4. Pratiquons la communauthèque comme une infrastructure affective, un espace de rencontres, d'apprentissage en pair à pair, dessinant des tactiques de contournement de la propriété et favorisant une autonomie relationnelle. En d'autre termes, d'éprouver la communauthèque comme un espace de commoning, c'est-à-dire, d'y élaborer des "stratégies artistiques qui suggèrent de nouvelles façons d'utiliser les ressources et mettent l'accent sur la collaboration et la collectivisation"5.

Cette recherche a pour souhait de rassembler, de tisser du lien et d'ouvrir des moments d'échanges autour de ces pratiques de partage bibliothécaires à travers la mise en place de protocoles et de dispositifs de conversation. Pour ce faire, ne considérons pas les savoirs comme uniquement contenus dans les collections de ressources, mais bien comme produits et mis en circulation par les usagers des communauthèques. Outillée d'une communauthèque numérique itinérante, il s'agit de partir des collections de ressources théoriques textuelles pour les activer par l'échange et la conversation autour d'expériences situées.

Comment les pratiques artistiques peuvent-elles contribuer au développement des communs en tant que formes d'organisation inclusives, diversifiées et démocratiques ?

Quel rôle l'art et une compréhension élargie de l'esthétique peuvent-ils jouer dans l'avancement des communs en tant que projet politique ?"6

Pour ce faire, cette recherche vise à mettre en place des ateliers co-organisés avec les différentes communauthèque, constituant les chapitres du récit du projet; organisés sous trois grandes thématiques;

  1. les communauthèques comme infrastructures affectives
  2. brevetisation du vivant, monocultures et piraterie
  3. boulanger les savoirs; communauthèque et corps en mouvement

D'un point de vue méthodologique, cette recherche tend à décloisonner les disciplines en mêlant une approche issue des sciences sociales à une démarche artistique. Elle recoupe un intérêt autour des communs abordés dans le cadre universitaire sous l’angle de l’anthropologie politique et économique, et en école d’art par le biais du logiciel libre et de sa culture dans les champs du design graphique et numérique.


  1. Felix Stalder 

  2. Benjamin Roux, L’art de conter nos expériences collectives, Éditions du commun, 2018 

  3. Hugue Bazin, “Les figures du tiers espace : contre espace, tiers paysage, tiers lieu”, Médiapart, 2013 

  4. Nicolas-Le Strat, Le travail du commun, Éditions du commun, 2016 

  5. Felix Stalder 

  6. Open score catalog