Journal

12/05/23

Le livre : monnaie d’échange

ScanPi

Après nous être perdu·es nous arrivons à l’école une heure en retard. Je rejoins l’atelier de Bérénice Serra, nommé ScanPi, discussion autour de bookscanner en école d’art à travers la présentation du leur, celui de l’école d’art de Caen. Elle m’invite à présenter le bookscanner de l’erg ainsi que le rideau de perles. Nous partageons nos expériences, nos échecs, ce qui marche, nos questions. Nous ne rencontrons pas les mêmes problématiques; iels numérisent des livres d’artistes, éditions en un exemplaire, dans le but d’archiver ce qui est fragile, unique. Nous avons discuté de faire rencontrer les deux initatives, à Caen ou à Bruxelles.

note : faire une playlist collective pour le temps de scan

11/05/23

Des frites supplément maroilles pour ôter la frustration

Open Open: journées de rencontres et d’étude autour des projets numériques collaboratifs libres et open source

Nous arrivons à Cambrai vers 9h30. La ville est vide et il fait moche. Nous traversons ses rues portant les noms des communes de la région, passons devant nombreuses cliniques et autres maisons médicales, en déduisons que la population est vieillissante, longeons des bâtiments arborant encore les consignes sanitaires liées au Covid trois ans après, puis finissons par arriver dans une école moderne faite de verre et de béton. Nous y sommes. Nous buvons un café trop serré dans un gobelet en carton fuyant en attendant le début des festivités. Je crois que nous sommes impatient·es. Au programme aujourd’hui, pas moins de huit conférences.

11h, première conférence. C’est le retour sur Openschool.art qui ouvre le bal. David-Olivier Lartigaud, Martin de Bie et Olivier Bienz présentent les deux premières éditions d’Openschool art, évènement financé par l’union européenne dans le cadre d’un programme nommé “Digital” quelque chose. La visée d’openschool.art est d’interroger la place des technologies numériques, du libre et de l’open source dans les pédagogies des écoles francophones d’arts et de design. La restitution de la deuxième édition qui s’est tenue en mars dernier m’a laissé un goût amer. Omission des retours critiques sur le faible nombre d’étudiant·es, sur la quasi-exclusivité masculine des présentations (une seule intervenante, en visio), sur les modalités de circulation de la parole afin d’éviter des dynamiques de pouvoir, sur les rapports hiérarchiques entre enseignant·es et étudiant·es et j’en passe. Bien sûr, le travail d’organisation d’un tel évènement est conséquent. Et bien sûr, Martin et Olivier n’ont pas le même prisme de vision que le miens, ni que celui d’Héloïse et des autres étudiantes qui étaient présentes. Bien sûr, ils n’y ont pas pensé. Mais si il y avait bien un point qui méritait d’être abordé dans ce retour réflexif livré au public composé d’étudiant et d’étudiante réunies autour de “l’open source” dans la création artistique, c’était bien celui-ci. Si dans la première édition, les invités étaient “les copains”, le pad ouvert de la deuxième n’a pas inversé ces dynamiques genrées. Un pad mis à disposition de celle·ux qui en possèdent le lien ne garantit pas son appropriation de toustes; qui ressent la légitimité à inscrire son nom pour présenter son travail ?
Omettre ces critiques, c’est réaffirmer qu’il s’agit d’un détail. C’est pourtant un détail qui en dit long sur ce qu’on qualifie d’“open”. De quoi “l’ouverture” est-elle le nom ? De quelles manières, par quels actions, quels gestes, c’est “open” ? Jusqu’où ? Quelles sont les frontières intérieures et qui sont les exclu·es ? Comment lutter contre les imaginaires et les dynamiques excluantes qui contaminent ces moments de rencontre, de partage et de joie ? Notre groupe de travail qui apportait des propositions pour éclairer ces angles morts n’a pas non plus été évoqué.

C’est au tour de l’atelier des chercheurs (Sarah Garcin, Louis Eveillard, Pauline Gourlet) de présenter les outils qu’iels conçoivent; Do·Doc et les cahiers du studio. À travers ces outils pédagogiques, iels créent des moments de transmission, où la documentation semble avoir davantage de sens dans l’action même qu’une fois publiée sur la plateforme. Ce que je trouve très fort dans les dispositifs mis en place, c’est la diffusion de l’“open source”, depuis la conception de l’outil et l’ouverture de son code source, à son utilisation pratique. En manipulant les outils de l’atelier des chercheurs, les enfants se socialisent à et par la technique. Parce que documenter est un geste de partage qui appelle au collectif, ils éprouvent l’entraide en s’engageant dans une pratique de l’“open source”.

Ce projet fait toutefois face à des problématiques liées à l’entretien du code du projet, car:

“personne ne veut payer pour la maintenance du commun”

À 14h, Antoine Moreau est venu nous présenter la Licence Art Libre qu’il a initié au début des années 2000. La licence Art Libre se base sur le copyleft, et propose un autre modèle d’ouverture que celui des licences creative commons. J’ai été particulièrement surprise/choquée par certains de ses propos comme :

“La piraterie c’est nul, c’est minable”

Mais surtout par deux angles morts; l’un sur la notion d’auteur qui n’est pas questionnée, l’autre sur le caractère situé de la licence (les deux se recoupant). En effet, d’autres licences questionnent le concept d’auteur, né au 18e siècle, renvoyant à la posture individuelle et autonome d’un producteur d’une oeuvre originale. De même, le copyleft est situé dans un contexte américain blanc et masculin; celui des informaticiens libristes. Affirmer que le copyleft est garant de la fraternité exige encore une fois de penser qui sont définis comme frères et qui sont les non-frères, ceux et celles qui en sont ou se sentent exclu·es. Fier d’affirmer que la Licence Art Libre est utilisé quasiment partout dans le monde, Antoine Moreau adopte une posture ethnocentrique qualifiant les cultures “primitives” d’“archaïques” et “anciennes” et postulant une dichotomie entre les ressources “naturelles et culturelles” qui semble aller de soi. D’autres licences existent et tiennent compte de ces zones d’ombre comme la Non-White-Hetero-Male-Licence, la CC4R, The Nonviolent Public Licence, la Decolonial Media Licence.

À la sortie de la conférence, Antoine Moreau revient vers moi en m’annonçant qu’il n’avait jamais pensé aux points évoqués. (Heureusement qu’il a fait une thèse ?)

À 18h, Pierre Erick Lefebvre présente son travail Windows 93; un faux bureau de Windows agrémenté de blagues qui très vite devient le nouveau jeu d’une communauté qu’il a dû mal à gérer. Bien que j’ai pu perdre un peu de mon temps sur ce projet, il y avait comme une odeur de garçon qui se dégageait de sa présentation. Peut-être était-ce le fait du stéréotype du geek; passionné par son travail, qui y consacre tout son temps, en sous-entendant que le public à qui il s’adresse (se) (re)connaît. Mais surtout, de l’absence de retour réfléxif quant à sa communauté qui “l’énerve” et qu’ll décide de mettre en pause suite à l’échange de contenus pédopornographiques. Si cela reflète les dynamiques oppressives que l’on retrouve sur le web, n’y avait-il pas un moyen d’anticiper ces problématiques ?
Encore plus simplement, n’est-il pas possible de reconnaître et de prêter attention aux discriminations et aux biais de genre possibles au sein de cet environnement ?

06/05/23

Raconter la bibliothèque à quatre mains

Réunion/bilan autour de l’organisation du rideau de perles

L’ordre du jour et les cookies sont préparés par Lou. Martin rapporte l’imprimante thermique dans son sac isotherme. J’accueille la réunion et prépare du thé. Le raspberry pi est branché et la bibliothèque numérique est disponible en se connectant au wifi de l’appartement. Dessus, j’y ai mis des pdf de textes complets mais aussi d’extraits sélectionnés qui me paraissent intéressant pour nous aider dans nos discussions.

Au programme :

  • Rappel de tout ce qu’on a fait cette année
  • Quels ont été vos ressentis au sein du collectif, vos frustrations ?
  • Est ce qu’il y des problemes dont vous voulez parler en particulier ?
  • Quels sont vos pistes/idées pour mieux s’organiser, qu’est ce qui vous sembles necessaire de mettre en place dans le rideau ?
  • Y’a t’il des amménagements dont vous pourriez avoir besoin pour personellement vous sentir mieux au sein du rideau ? (lieu des reunions, frequences,ect ) 
  • Qu’est ce que vous avez aimé faire cette année ? 
  • Quels sont vos desirs pour l’année prochaine si vous êtes encore là ?

Parce qu’aborder ces questions nécessitent que chacun·e soit apte à prendre la parole et à dire ce qu’iel souhaite dire, je réfélchis à d’autres protocoles d’expression. Je met à disposition des feuilles et des crayons.

Je propose que le rappel de ce qu’on a fait cette année passe par l’écrit : chacun·e est invité·e à écrire/dessiner les moments dont iels se souviennent. Puis on lit chacun·e nos points, sous forme de réponse aux autres. Plusieurs personnes ont noté les mêmes moments, d’autres se répondent. Finalement, ce point prend beaucoup de temps car il permet déjà d’aborder des ressentis/frustrations.

Pour le deuxième point, chacun·e est invité·e à noter/dessiner ses ressentis et frustrations. Encore une fois le dialogue est fluide, les points s’enchaînent et se répondent. Enfin, pour aborder les pistes et idées pour mieux s’organiser, dont on a déjà pu parler avec les deux autres moments, je propose la lecture d’extraits de deux textes.

Les textes (La tyranie de l’absence de structure de Jo Freeman et Comment s’organiser ? de Starhawk font écho à ce qui a été dit précedemment et formule autrement les problèmes que l’on rencontre). Isidore aimerait bien pouvoir l’imprimer pour le lire. C’est là que l’imprimante thermique rentre en jeu. Pendant que je lis le deuxième texte, Martin imprime un exemplaire à chacun·e d’entre nous.

02/05/23

Un café très serré dans un grenier aménagé

Rencontre avec Castillo et Emmanuel

Nous avons rendez-vous à 15h. Je retrouve Marni devant la Bellone et nous aperçevons Castillo. Castillo était en résidence à la Bellone pour un travail qu’il mène collectivement autour des sidas, des archives et des arts dans le quel il organise des assemblées. Je ne peux pas trop en dire plus car le projet joue avec l’intimité et les stratégies de non-publication. L’objectif de la rencontre était de discuter d’une collaboration avec le rideau de perles, pour héberger un fond de documentation lié aux sidas (entendus comme expériences subjectives/vécues), aux archives et aux arts dans le cadre du projet : « Des assemblées en Belgique autour des Sidas, des archives et des arts ».

points marquants :

  • transmission orale
  • assemblée : outil méthodologique
  • plateforme partage de savoirs
  • intimité
  • organe de décision
  • créer des expériences communautaires dans une institution/système contre ce système
  • rupture à l’approche thérapeutique de l’institution (médiation/public: les participant·es aux assemblées sont rémunéré·es)
  • administration, gouvernance artistique
  • visibilité/invisibilité: non publication
  • frictions institutionnelles

26/04/23

Interlude: Laisser travailler les récits 1h10 à 15 degrès

Workshop dans le cadre du cours d’installation performance

Je passe à 16h.

(Pour faire fonctionner ma bibliothèque, j’ai besoin d’une connexion internet au routeur anw, plus pratique que le wifi de l’école. Pas de prise ethernet dans la salle d’installation performance. Je vais voir dans la salle de cinéma d’animation. Je remarque un étudiant connecté au réseau de local via une prise ethernet. Je lui demande si je peux utiliser un des câbles pour brancher le routeur, mais il est embêté car il y a seulement deux cables ethernet et qu’ils n’ont pas de wifi dans cette salle. J’ai beau lui expliquer qu’il aura une connexion sans fil avec le routeur, il reste méfiant. Je branche quand même ce routeur. Il remarque qu’il peut se connecter en wifi et paraît très ravi. Maintenant les cinéma d’animation ont une connexion sans fil.)

J’ai une vague idée de l’installation; j’installe des coussins et des banquettes au sol en formant trois zones où se répartissent les textes venant de la bibliothèque autour de la propriété intellectuelle, des licences, et des limites de l’open access.

Très vite, tout est déplacé, bousculé, les zones se confondent. Textes, coussins, objets se mélangent;

déroulé

J’installe une zone avec le raspberry pi, mon ordinateur et les protocoles imprimés en A3 pour présenter ma recherche et introduire le workshop. Puis, j’explique le protocole, qui consiste à ramener une chose ou une image de cette chose (un texte, un objet, une musique, votre corps…) qui présente/fait parti de notre pratique et avec la quelle nous rencontrons des questions de (non)partage puis à remplir les métadonnées de son objet sur une fiche qui viendra servir de départ à des conversations. L’idée est de détacher les mots clés écrits en bas de la fiche pour démarer des discussions en groupe.

Chacun·e joue le jeu et rempli la fiche. Ce n’est pas facile, les champs sont volontairement vagues. Qui est l’auteur·ice de ce travail ? Qui sont les contributeur·ices ? Quelle est la différence entre un·e auteuri·ce et un·e contributeur·ice ? Quelle date dois-je mentionner ? La date de création ? La date de “dépôt” ? Tout le monde bute au moment de remplir le champs des licences. J’explique que c’est justement le but de cette fiche et indique la zone où trouver des ressources autour des licences.

Puis, on se rassemble en cercle et chacun·e lit sa fiche. Je suis agréablement surprise que tout le monde se soit pris·e au jeu. Bien que le protocole soit peut-être trop vague, les fiches cernent tout de même les enjeux que je souhaitais aborder mais par d’autres approches. Les fiches entrent en écho avec les textes sélectionnés, à l’instar de celle de Juliette qui parle de son casque audio. Dans le champs : “quel lien avec le (non)partage ?”, elle écrit :

permet que d’écouter seule. mais outil qui permet de préparer les choses à faire écouter. accéder avec à tout plein de sons ! crées par tout plein de monde !

Le partage musical est aussi évoqué par Stella qui dans le même champs écrit :

objet servant d’intermédiaire entre une personne et un public pour partager des pistes musicales. usage conditionné par la SACEM et certains droits d’auteurs

Je cherche alors un extrait du texte de Florent Latrive issu du bon usage de la piraterie, à propos de l’écoute musicale comme vol:

N’en déplaise aux ayants droit, le désir de copie et de partage participe au plaisir tiré de la musique. C’est d’ailleurs la thèse du musicologue Peter Szendy : « Depuis toujours, l’écoute est un “vol toléré’, comme l’écrivait un des fils de Bach. […] C’est une appropriation par l’auditeur. Toute écoute provoque une pulsion de partage, d’échange. C’est hypocrite de la considérer comme un face à face entre un auteur et un auditeur. L’écoute se pense à trois : l’œuvre, un auditeur et un deuxième auditeur. Car le premier a forcément envie de transmettre, donc de voler. Cette appropriation et cet échange sont à la base des écoutes les plus sauvages, comme des plus savantes». Voilà le désir de partage érigé en principe même de la consommation musicale, et, plus généralement, de toute consommation artistique. Rares sont les pratiques culturelles solitaires : on peut écouter un disque au casque, mais la culture est avant tout socialisée.

On se sépare en deux groupes pour le temps restant. Chacun·e déchire un de ses mots clés pour les mettre en commun et en discuter collectivement.

Le protocole étant flou sur ce point, les deux groupes procèdent différement. Celui dans le quel je suis décide de traiter d’un mot clé un par un, tandis que l’autre semble les traiter tous ensemble. À travers notre échange, nous partageons des expériences personnelles, tandis que l’autre groupe se réfère d’avantage aux textes qui les intéresse disposés au sol.

Les modalités de prise de notes ne sont pas clairement définits, mais les deux groupes choisissent de toustes prendre des notes en même temps de ce qui se dit:

Gosie vient nous prévenir que l’heure est passée et que le workshop doit s’arrêter. Tout le monde est assez déçu que le moment s’arrête déjà.

retours

J’ai l’impression de n’avoir pas assez cadré le workshop mais visiblement les retours sont positifs.

Ce qui a marché pour elleux :

  • le processus était clair, cohérent avec ma pratique, l’articulation entre ma recherche et la contribution du workshop était claire
  • partir de mots clés pour entamer une discussion
  • l’attention porté au graphisme et la dimension ludique des mots clés
  • pourvoir s’exprimer à partir de récits personnels et tisser des liens

Ce qui n’a pas marché/frustrations :

  • le temps était trop court (imposé par le cours)
  • préciser le vocabulaire utilisé pour faciliter l’entrée dans la matière
  • pas le temps de tout lire

Ces retours sont constructifs, et me donnent le souhait d’écrire un glossaire, qui sera présent dans la publication de restitution du workshop. Pour la réaliser, je scan et téléverse les objets et les fiches dans la bibliothèques pour l’imprimer sous forme de catalogue et la distribuer aux personnes du workshop.

ce que j’en retiens

  • faire attention au langage et apporter toutes les clés pour faciliter la compréhension
  • organiser des longs ateliers (4h)
  • ça intéresse des personnes !
  • réfléchir à la spatialisation en amont
  • faire encore plus la liaison avec les textes
  • ok et après on fait quoi de tout ça ?

25/04/23

Préserver les bibliothèques

Éducation permanente, ateliers numériques

Les mardi après-midi, je me rend à la bibliothèque de Saint-Josse pour animer des ateliers d’éducation numériques avec l’ARC (Action Recherche Culturelle) et le CFEP (Centre Féminin d’Éducation Permanente). Le cours se destine à un public exclusivement féminin et majoritairement immigré, qui apprend le français à côté.

Au moment de la pause, l’une d’entre elle avec qui je discutais à propos des photos qu’elle a prise (le cours porte sur l’utilisation de l’appareil photo du smartphone), en grande précarité économique, restait émerveillée par l’écran d’information qui proposait toutes les activités (gratuites) de la bibliothèque publique; ateliers numériques, cours de langue (néerlandais), ateliers pour les enfants etc.

Vous vous rendez-compte ? Ils font tout ça ici ! Tout ça c’est gratuit ! C’est bien ce qu’ils font pour nous ! Parce que moi j’ai pas de sous alors sinon je pourrais rien faire. Et c’est dégeulasse parce que ceux qui peuvent payer ils peuvent apprendre des choses et nous on peut pas.

19/04/23

Combien de serpentins pour un cumulus de 75l ?

wiki.lowtechlab.org: lecture écriture d’une communauté* en construction autour du partage des savoirs “lowtech”

Lecture à plusieurs voix d’un article écrit dans le cadre de nos recherche en théorie des medias autour du site de partage de systèmes dits low-tech de l’association du lowtechlab.

Pour différencier les parties que j’ai rédigées des citations, je demande à 8 personnes, incarnant plus ou moins 8 auteur·ices citées, de lire le texte avec moi. C’est aussi un écho au sous-titre de ma présentation; là où la lecture écriture caractérise les possibilités de contribution, d’édition et de consultation induites par le web 2.0 (comme le montre le wiki), la lecture à voix haute est une autre manière d’écrire et de former un groupe temporaire.

Je suis assez stressée à l’idée de demander à des personnes de découvrir et lire un texte à haute voix devant le public de l’auditorium. Finalement, 8 personnes se sont portées volontaires.

Nous sommes toustes assis·es sur des chaises alignées, chacun·e avec une version du texte en main. La lecture prend l’effet d’un ping-pong de voix et d’accents.

17/04/23

Une lettre contre un livre (2)

Rencontre avec l’anarchive

18h passé je me dirige vers Schaerbeek en direction de la bibliothèque l’anarchive située dans la boulangerie militante autogérée du Pain levé. J’emprunte une rue au hasard et retrouve mon chemin. Je passe la porte de la boulangerie, il n’y a pas grand monde. Je suis accueilli par un visage qui m’est familié. Les deux personnes qui assurent la permanence font aussi parti de technopolice. L’un d’entre eux est occupé à installer une application pour chiffrer ses sms à un de ses amis. Je repère un livre que je cherchais. En l’empruntant, j’échange l’enveloppe contenant la lettre. Son ami me demande de quoi il s’agit. Je lui explique que je travaille autour des bibliothèques, des espaces de mise en commun et de partage de ressources.

Les remorques ça t’intéresse ?

Il me demande si je suis intéressée par les remorques. Ancien bénévole de l’outilthèque Tournevie, il a monté sa structure de partage de remorques de vélo, une “remorquothèque”. Tous deux me parlent du boom café, qui, après avoir récupéré un fond de livres de l’ancienne bibliothèque anarchiste l’Acrata, organise des espaces de discussions tous les jeudi soir pour monter une nouvelle bibliothèque et m’invitent à y passer. Je leur explique que j’ai déjà une réunion avec la bibliothèque de l’école, le rideau de perles, et que nous avons justement récupéré des archives et des brochures de l’Acrata à sa fermeture.

28/03/23

Réunion entre amteur·ices de logiciels libres

Ergloss ?

Conscient·e que le libre n’est pas accessible à toustes et qu’il présente un coût d’entrée (technique, temporel…), nous souhaitons mettre en place des initiatives pour faire tomber ces barrières et faciliter la transition des personnes qui souhaiteraient sortir des logiciels propriétaires et de leurs logiques, par la pratique.

22/03/23 et 23/03/23

Quand il y a des bons plats, on les partage

Workshop Digital Library aux beaux-arts de Paris

RDV 10h devant le café en face de l’école. Il est fermé, j’apperçois Simona et Tadeo sur le trottoir, les deux curateur·ices à l’organisation du workshop. “- Alice c’est toi ?” Je rencontre les autres intervenant·es du workshop; parmi elleux je retrouve Grégoire et Vincent, le responsable du pôle numérique de l’école. Je bois un peu trop de café gratuit. Bien que moi aussi étudiant·e, je fais apparement parti de l’équipe intervenante. Il y a une séparation étrange entre les étudiant·es et les intervenant·es.

Le premier jour, nous avons commencé par échanger 30 minutes par groupes autour de notre relation personnelle avec la technologie numérique. Le sujet étant très vague il est difficile de savoir par quel bout le prendre. Ce que j’ai retenu de la discussion portait sur notre

Peur/anxiété de ne pas savoir, de ne pas connaître. Inconfort du manque. Le manque est construit.

Nous avons mangé des panini trop chers puis l’après-midi Sébastien Piquemal nous a introduit le fonctionnement d’un ordinateur et d’une donnée par des exercices pratiques.

Le second jour, Martino et Élodie de Constant ont présenté l’association et le projet d’archives leftove.rs, en raison du contexte politique français et de la grève contre la réforme des retraites imposée par le 49-3. Puis est venu notre tour avec Isidore en visio de présenter le rideau de perles. Diapo terminé à 3h la veille et pas de café, un peu rude. https://rdp-digital-library.vercel.app/.

Nous sommes ensuite allé·es manger chez Gérard, ou du moins personne ne connait le vrai nom de ce restaurant, tenu par Gérard qui embauche bénévolement ses copains en échange d’un bon repas.

Don contre-don.

Chez Gérard, du vin rouge, un plateau de fromage avec du beurre et beaucoup de viande.

Trois tartes tatins pour six, mais quand il y a des bons plats, on les partage.

Puis, l’emploi du temps du workshop étant bousculé pour pouvoir participer au mouvement social, nous sommes allé·es digérer/manifester place de la République sous les lacrymos.

Nous sommes revenu·es à 19h pour la discussion avec Laurence Rassel en visio, et Nora Sternfeld, artiste, curatrice et professeure à Hamburg et Vienne, qui questionne entre autre le musée au prisme des communs.

  • Revendiquer le public comme commun ?
  • Il y a une llusion du public sans propriété
  • La notion d’accessibilité relève de la logique de propriété
  • L’Open source comme approche structurelle
  • Politique d’affirmation dans le commun qui passe par le fait de se défendre

20/03/23 et 21/03/23

Des carottes contre un nextcloud

Open school : journées de discussions autour du libre en école d’art

Métro, je me perds avant de trouver le prochain tram. Je passe devant la porte par laquelle je devais entrer avant de faire demi tour. J’arrive quand-même en avance, comme quoi. Partir en avance. Beaucoup d’enseignants, peu d’étudiant·es. Sont représentées les écoles d’art des arts décoratifs, d’Orléans, de Saint-Étienne, Lyon, Valence, Strasbourg et Pau.

Parmi toutes les présentations, celle de Grégoire Rousseau, artiste basé à Helsinki me marque particulièrement. Grégoire travaille autour de la relation entre pratiques numériques et tangibles de commoning.

Il s’intéresse aux manières dont les pratiques numériques se manifestent dans l’espace physique, en considérant la pratique artistique comme une création collective d’infrastructure. Grégoire est doctorant à Aalto et écrit sa thèse Commoning Education, educating the Commons, axée sur les technologies radicales pour des pédagogies radicales. Avec Juan Gomez (Genève), il coordone le projet Station of commons, un projet de recherche autour des pratiques numériques de commoning remettant en question la centralisation du savoir et des données en proposant un modèle alternatif d’émancipation situé à travers la radio. Stations of commons rassemble différentes stations de ressources locales, diffusées sur la plateforme à travers des live.

Station of Commons stands for radical alternative strategies to the neo-liberal system in terms of digital means of production, communication and distribution. Station of Commons operates as an easily integrable on-line platform for sharing local resources. Resources as commons integrate the ideas of shared data, Open Source practices, artefacts and real time broadcast.

Each Station depends on its own means of production, way of thinking, learning and sharing. This position of autonomy reflects on the original concept of Internet: the equality in the relation client to server and the openness of the algorithmic process. The Station of Commons operates as a vibrant thinking space dedicated for tutorials, live performances and critical discussions around the practice of commoning and open technologies.

à lire : https://library.stationofcommons.org/

Station of commons questionne entre autre:

  • The visual narratives of tutorials as ways of sharing contextualized practical and theoretical concepts.
  • How to think a temporally multi-dimensional space ?
  • What is a critical practice of digital space in terms of labor, relation to institutions, radical political position ?

Stations of commons a découlé sur un projet nommé Lumbung radio, dans le cadre de la Documenta 15 à Kassel. Lumbung radio est une “radio communautaire inter-locale en ligne” qui rassemble différentes stations de radio et diffuse en continu. L’intention est de “produire un espace audiophonique commun construit sur la multiplication des pratiques existantes de ses contributeurs”.

Durant les deux jours, nous avons dû nous répartir en groupes de travail. J’ai rejoins celui de Grégoire intitulé Penser les outils numériques par la pratique collective où nous avons finalement discuté de l’organisation de l’évènement d’Open School. https://pad.ensad.fr/p/OpenSchool-GRP4

en résumé :

  • Comment faire vivre une communauté ?
  • Les pratiques numeriques du commun, mais dans quelle forme d’organisation collective, de gouvernance/gouvernabilité? quelle economie des ressources?
  • Penser d’autres formes de partage et de convivialité : cuisiner ensemble? arpentage (“littéraire”)? Quelles formes/formats donner à nos conversations/comment les outiller ?
  • Comment la culture libre peut infuser dans une pédagogie plus globale du commun ?
  • Comment échanger différents savoirs liés aux pratiques locales du commun ?

18/03/23

conver[re]sation

Prepostprint & friends drink

En m’écoutant, Julien (Taquet) me fait remarquer la reconfiguration de l’espace de la bibliothèque en jeu au sein de mon projet de recherche, en ce qu’elle rompt avec le calme, le silence mais aussi la lecture autonome. C’est elle qui se déplace. Il serait intéressant de la regarder à travers le prisme historique et politique de la diffusion des savoirs.

Au cours d’une autre conversation, Manetta (Berends) m’indique qu’il faut porter attention aux erreurs dans les processus graphiques et numériques. Je lui répond qu’en sciences sociales, c’est justement là où il y a des dysfonctionnements, des choses qui ne se passent pas comme prévus, qu’il faut porter son regard.

14/03/23

Du communalisme et de l’économie contre un peu d’espoir

Les communs: un concept du Moyen Âge plein d’avenir

  • Qu’est-ce qu’une pratique artistique du/en pair à pair ?
  • Comment manifester le don/contre-don dans la pratique artistique ?
  • Faire du commun par nécessité mais aussi par valeur
  • L’art (?) comme moyen de ne pas faire du commun uniquement par finalité économique, mais pour sa dimension sociale, affective et désirable

08/03/23

De l’énergie contre les Big Tech Cloud

La grêve trans★féministe contre les Big Tech Cloud

Dans le cadre du cours de design numérique, nous avons été invité·es à exposer quelque chose à la vitrine de Constant pour la grève trans★féministe contre les Big Tech Cloud.

C’est en discutant autour d’un verre avec un ami ayant mené un projet de recherche sur le Cloud qu’une idée me vient.

Nous la première question qu’on s’était posé·es en commençant la recherche, c’était “qu’est-ce que c’est pour nous le Big Tech Cloud?”

À peine rentrée chez moi, j’écris un mail à la classe :

Cette grève est l’occasion d’ouvrir un espace d’échange autour de notre relation au Cloud et de son enracinement - consenti ou non - dans nos quotidiens. 

Saisissons-nous de cet espace-temps pour prêter attention à nos usages des services numériques en ligne afin de se donner les moyens d’agir. Depuis nos expériences vécues, racontons nos pratiques numériques situées, décelons nos besoins et ouvrons des imaginaires en dessinant des chemins plus sinueux, mais moins opaques. Ré-introduisons du sensible.

L’idée est de répondre par un protocole de conversation à la question : De quels services transitant par le Big Tech Cloud est-il le plus difficile de nous passer ? Et quelles déviations pouvons-nous imaginer pour y arriver? 

protocole réalisé :

  1. Répondre à la question suivante et l’inscrire sur une carte : De quels services transitant par le Big Tech Cloud est-il le plus difficile de nous passer ? 
  2. Constituer un groupe (de trois à cinq personnes).
  3. Piocher une des cartes.
  4. Chacun·e son tour, s’exprimer pendant une durée de trois minutes autour du sujet de la carte piochée et introduire sa prise de parole en se situant (“En tant qu’étudiante”, “travailleureuse en éducation”… ).
  5. Chaque personne du groupe devient responsable de la prise de notes à tour de rôle.
  6. À la fin du premier tour, reprendre la discussion collective pendant 3 minutes

En discutant à la fin de chaque tour, nous avons remarqué que ce que le Cloud nous retire c’est le lien affectif que l’on porte au chose, leur dimension sensible.

Inspiré de stratégies obliques de Brian Eno et des expériences personnelles évoquées, on a rédigé quelques “déviations” possibles:

  • Accepte d’être en avance ou en retard
  • Documente à la main
  • Accepte que ce n’était peut-être pas la bonne quantité de farine. Rajoute de l’eau
  • Profite du soleil pour jouer aux échecs dans un parc. Même si tu perds la partie tu gagneras de la vitamine D
  • Pars en avance
  • Trouve des astuces mémotechniques
  • Qu’est-ce qu’un bon ou un mauvais Cloud ?
  • alternative = niche ?

À partir de cette expérience, j’ai numérisé, agrandi et réimprimé toutes les cartes. L’idée étant d’afficher sur la vitrine les cartes “services” (papier jaune) répondant à la question initiale ainsi que les “déviations” proposées (papier rose). Le protocole mis à disposition sur la porte

20230309105955119_0004.jpg

notes :

  • Installer du papier en extérieur au mois de mars en Belgique n’était pas la meilleure idée

  • Quelques personnes se sont prêtées au jeu et ont glissé des cartes dans la boîte aux lettres de Constant

05/03/23

Un dimanche après-midi contre une part de carotcake

workshop rosa Constant

Workshop avec Varia autour de la serveur·ixe rosa. Écriture d’un oracle qui s’affiche dès lors qu’on se connecte au serveur. Programme qui vient chercher dans les fichiers textes écrits à cet effet.

21/02/23

Un livre pour une lettre

Rencontre avec Bicoli

19h30. Je dois me dépêcher. Je vois approximativement l’adresse. Je ne veux pas être en retard mais je ne veux pas utiliser de gps. Je suis mon intuition. J’aperçois des étagères à travers une grande fenêtre et sonne. Un sticker Bicoli est sur la porte. Pas de doute je suis au bon endroit.

Une des colocataires dont j’ignore le prénom me présente brièvement le fonctionnement et l’organisation de la bibliothèque. Sur la cheminée, des fanzines. Sur la droite, des essais. Près de la fenêtre, sur une étagère d’avantage orientée autour de l’art et du design, je repère un petit livre à la couverture rouge sur lequel je n’arrivais pas à mettre la main. Shelf documents, art library as practice. Je sais que je vais l’emprunter, mais je dirige mon regard vers les autres étagères. La bibliothèque, dans le salon de la colocation laisse entrevoir la cuisine. Ça sent les épices. Je me presse, la permanence fini à 20h et mon hôte a l’air d’avoir faim. Je lui demande timidement si je peux emprunter ce livre. Je lui donne mon nom et mon mail pour qu’elle puisse me contacter en cas de retard. En échange, je lui tend l’enveloppe comprenant la lettre d’invitation au projet, un extrait de livre et d’un texte algorithmique. Elle est très touchée, l’ouvre mais préfère prendre le temps de la regarder avec les autres membres de Bicoli.

20230221193323641.jpg

18/02/23

Une rencontre sur un trottoir

Dehors sur le trottoir à la sortie d’un concert, je croise Martino qui me présente Emma. Je crois qu’Emma est une amie de Martino. Il a dû lui dire que je fais parti d’une bibliothèque pirate dans mon école. Emma me raconte qu’un bouquiniste a quitté sa librairie dans la galerie Bortier, et qu’elle l’occupe depuis peu avec des ami·es pour les quatre prochains mois. L’ancien bouquiniste étant parti sans reprendre ses livres, Emma et ses ami·es ne savent pas vraiment quoi en faire. Elle est intéressée pour que l’on fasse vivre ce lieu et me propose de venir visiter l’espace dans les prochains jours. Je lui écris mon mail et me hâte de recevoir un message de sa part.

20230309105955119_0008.jpg

16/02/23

Quelques mots incompris contre un foyer

Winter Refuge

Par un temps pluvieux et brumeux, je prend un train pour Bruges vers 17h. J’ai l’impression d’être dans un village. Personne dans les rues ni dans les quelques bars que je longe. Groenestraat 19B. J’arrive dans une cour entourée par un bâtiment aux grandes vitres. Un feu de brois brûle dans la cour. J’aperçois l’intérieur ; dans l’entrée, des personnes mangent sous une lumière tamisée tandis que d’autres s’allongent et s’étirent dans la salle-studio qu’occupe le projet Winter Refuge de Heike Langsdorf & Simone Basani.

Je pousse la porte, trempée, et les personnes du bar m’accueillent à voix basse en néerlandais. Face au doute qu’affiche mon visage, on opte pour l’anglais. N’ayant pas compris que la nourriture était gratuite, je me dirige vers le protocole qui nous attend ce soir, traduit en français, anglais, néerlandais et arabe. C’est l’heure de la présentation de la résidence. Différents objets sont disposés dans la salle. Une gigantesque amphore, des tapis, rouleaux de papier, livres, plaids, vêtements, ballons, coussins, fruits sont disposés au sol et sur les murs. Ça sent le feu de bois. Le protocole consiste à s’enregistrer sur son téléphone raconter ce que l’espace dans le quel nous nous trouvons agit sur nous et fait écho à des souvenirs qui questionnent le groupe. Puis, chacun·e est invité·e à brancher son téléphone à des enceintes, rendant public l’enregistrement intime.

20230309105955119_0007.jpg

20/11/22 - 25/11/22

Une vue imprenable pour des ondes radio

18/11/22

Participation à la conférence initiée par Peggy Pierrot : Enseignement en design et logiciels libres :récits d’expérimentations collectives, Ethics by Design, Bruxelles

17/11/22

Participation à la conception et à l’installation d’une bibliothèque physique et numérique dans le cadre du festival Ethics by Design, Bruxelles.

29/10/22

Présentation de la plateforme de mise en commun des ressources pour les récupérathèques et atelier/échanges avec les étudiant·es des récupérathèques autour du terme de “sobriété numérique”, Dunkerque, France. Fiche restituant l’atelier constituée ultérieurement par les étudiant·es.